LE VIGEANT Mars 2021

27 mars 2021 

Circuit du Vigeant

Nous sommes le 27 mars 2021, voilà plusieurs mois que Jean-Luc prépare sa moto.
(voir l'article précédent "préparation Triumph 675 DAYTONA").

La partie cycle, bien sûr (amortisseur et fourche), mais également le moteur, même si les modifs n'ont (pas encore) touché des pièces telles que arbre à cames, pistons et autres soupapes, l'échappement a été refait, et la cartographie d'injection modifiée.

Donc, je peux vous garantir qu'il a hâte de l'essayer.

Nous prenons la route pour des roulages libres sur le circuit du Val de Vienne.

Depuis Octobre dernier, on a tout bien respecté le couvre-feu, tout bien fait les gestes barrières, imprimé tous les papiers qu'il fallait, tout bien fait.

En arrivant sur le circuit, on nous a même pris la température à l'entrée du circuit (sur le front, rassurez-vous !), rien n'a freiné l'envie de rouler.

Nous sommes prêts, il y a des bières dans le bac à légumes et j'ai casé mes légumes dans un sac.

Jean-Luc appelle ça en rigolant "le bac à bières dont certaines femmes se servent comme bac à légumes" ...

La peinture de la moto a été faite par un pro et Gaby nous a aidé pour la déco, tâche que Jean-Luc est bien incapable de réaliser sans s'énerver.

Le kit déco à 180 € aurait bien vite fini chiffonné à la poubelle le tout dans un hurlement primaire.

Mais Gaby est un disciple du Temple de Shaolin.

Oh ! Dire qu'il a fait ça en deux coups de cuillères à pot, pas quand même.

Il a tout de même mis 6 h, bu 2 L de café, fumé douze clopes, mais sans s'énerver, petit à petit l'oiseau colle son kit déco, sans cloque ni pli !

Bravo Gaby !

Et  MERCI !

Notre team est formé de quatre pilotes.

Pour plus de sécurité, l'organisation SLIDER ENDURANCE propose différents niveaux de roulages :

- Débutants
- Intermédiaires
- Confirmés
- Experts
 

Jean-Luc Sornin roulera avec les confirmés avec sa Triumph 675 Daytona.

Clément Sornin roulera également avec les confirmés, il est venu avec sa Honda 600 CBR préparée par le Papa :

Fourche de Yamaha R6 : Eh oui, c'est possible, à condition de refaire l'axe de colonne de direction, celui de roue AV, ainsi que les entretoises de roues pour que la roue de CBR soit centrée dedans et que les freins tombent en face des disques.

Moteur ? On a droit à des pistons forgés haute compression, des arbres à cames stage 2, une culasse travaillée au niveau des conduits, une ligne inox. De 88 chevaux à la roue  pour une version complètement stock, celle de Clément sort ici 105 ch, toujours à la roue.

Gaby roulera aussi avec les confirmés.

Il a lui aussi préparé sa moto : Une Honda 600 CBR année 2000 (PC35 pour les connaisseurs).

Belle peinture avec kit déco posé par ses soins.

En revanche, pour la partie cycle, elle est venue faire un petit stage dans l'atelier de Jean-Luc.

Les ressorts de fourche ont été coupés (Jean-Luc a un nouveau surnom : Tronçonnator ou Discator si on préfère).

Il m'a expliqué que sur les ressorts d'origine, il y a une partie où les spires sont rapprochées et le reste où les spires sont espacées.

"A quoi ça sert ?" je demande.

C'est une astuce pour avoir un ressort qui va être mou sur le début de sa course, et arrivé à un certain enfoncement, les spires qui sont rapprochées vont entrer en contact. Alors, il ne restera plus que la partie qui a les spires espacées, donc un ressort plus dur.

On passe de 690 g/mm en début de course à 920 g/mm lorsqu'on a atteint environ la moitié de l'enfoncement possible du ressort.

Jean-Luc a supprimé la partie aux spires rapprochées pour se retrouver avec un ressort à pas constant de 920 g/mm.

Et la partie supprimée a été remplacée par une cale rigide. Remplacer du mou élastique par du dur rigide, en quelque sorte.

Ebéwé !

Sinon, ils ont fait également tout un tas de trucs :

Soudage d'un insert en alu au travers du bras oscillant pour venir y visser les bobines de béquille.

Réalisation de bouchons de fourche rallongés pour pouvoir fixer les guidons au dessus du té supérieur.

• Entretoises de roues en alu avec un petit bourrelet pour ne pas qu'elles tombent au moment du démontage.
• Le collecteur d'échappement a été démonté, coupé et ressoudé pour qu'il soit rehaussé et rentré vers l'intérieur de la moto : Il touchait le carénage. Ensuite, ponçage et peinture bien-sûr !

• Étriers de frein AV et AR démontés, nettoyés et remontés avec des joints neufs.
• Plein de petites pièces, entretoises diverses pour le montage du carénage.

Ils ont passé 4 jours non stop !

En revanche, la prépa moteur, ce sera pour plus tard.

Autre souci qu'il a eu a solutionner : Au moment de commander son carénage, il a trouvé que celui de la version 2001 était plus joli au niveau des entrées d'air situées de part et d'autre à l'avant du carénage.

Problème : Au moment de raccorder les conduites d'air qui mènent au boîtier de filtre à air, la forme des manches à air d'origine ne rentre plus dans le nouveau carénage.

Il faut donc une pièce qui n'existe pas : un conduit de 10 cm de long environ, qui a la forme du carénage 2001 d'un côté, et la forme du conduit d'air 2000 de l'autre.

Qu'à cela ne tienne, Clément (mon fils !) qui est un expert en CAO a créé avec son ordinateur les plans de la pièce "magique".

Le programme qu'il utilise s'appelle CATIA, pour ceux que ça intéresse.

Ensuite : Imprimante 3D !

Deux ou trois essais ont été nécessaires pour que tout tombe pile poil.

Le résultat est tout simplement bluffant !

Le quatrième est Mickaël, petit nouveau du groupe, et compagnon de Cécile, la fille de Jean-Luc.

Il va rouler en catégorie "débutant" avec une 900 CBR de 2000.

Sur cette moto, préparation mini, les carénages sont d'origine, il y a encore la béquille latérale, pas de bobines à l'arrière du bras oscillant pour la béquille d'atelier.

Un amortisseur neuf Shock Factory, tout de même : On sait comment les amortisseurs d'origine de 20 ans d'âge se comportent : C'est très différent du pinard, côté vieillissement !

Elle a l'air saine et ce sont les débuts de Mickaël sur circuit.

Samedi 

Le thermomètre est descendu à zéro degré cette nuit.

Les motos étaient bien au chaud sous le double barnum fermé avec un bon radiateur de garage, elles ont eu beaucoup moins froid que ceux qui dormaient dans la remorque ou même dans le camion (hein, Gaby ?) même avec un petit radiateur soufflant.

Nos confirmés sont très concentrés sur les problèmes de température des pneus.

Par ce froid, il ne faut pas négliger l'emploi des couvertures chauffantes.

Il ne faudra pas oublier d'être prudent, même si les pneus sont chauds, la piste restera glaciale.

Ce serait ballot de mettre "la cabane sur le chien", comme le dit souvent Jean-Luc.

Le soleil aidant, nos pilotes ont bien profité de cette journée.

Les températures sont montées à 16-17°C, ce qui était tout a fait bien.

Le travail effectué sur la moto de Jean-Luc a payé.

Il a le sourire : "le moteur est une balle !!!"

Il est même étonné du changement : Il me dit qu'il ne pensait pas que le changement de ligne et la reprogrammation changerait à ce point le fonctionnement du moteur qui est pourtant resté exactement le même qu'au précédent roulage à Haute Saintonge.

Jean-Luc : - "Il est plus puissant en haut, c'est sûr. Allez, on va dire environ 5-7 ch. J'arrive maintenant à rattraper nettement la moto de Clément même une fois lancé passé la mi-ligne droite.

Mais le plus impressionnant, c'est la patate qu'il a à l'accélération. Je dépose tout ce qui roule ! alors qu'à Haute Saintonge, elle accélérait juste un peu mieux que la CBR de Clément et à peine mieux en pointe, là, j'ai l'impression que sa moto reste sur place en sortie de virage, et c'est également nettement mieux en pointe"

Cath :  - " Tu déposes même les 1000 ?"

Jean-Luc : - "En début d'accélération, oui : Elle bondit littéralement en sortie de virage, ce qui fait que je tiens même les "grosses" sur 50 m au moins. Ensuite, bien sûr, je perds du terrain, mais je recolle au freinage et ensuite le mec me gène à l'accèl ! Des fois même je le déborde et il est tout surpris de voir une petite 675 remonter à sa hauteur !!! "

Cath : -  : "Et la partie cycle ?"

Jean-Luc : -"Qué partie cycle ?"

Jean-Luc n'a eu besoin de toucher à RIEN : Il a sorti l'amortisseur K-Tech de sa boîte et l'a monté en lieu et place de celui d'origine.

En revanche, pour la fourche, il y avait eu un plus gros boulot de fait :  Le remplacement des clapets de cartouches. voir là.

"Incroyable : Après le remontage de la fourche, j'ai mis les réglages sur 1 tour 1/2 en compression et en détente, et c'est juste magique !"

Il m'explique que la descente comme la remontée de la moto se font progressivement, sans mouvement parasite de la moto, aucun dribble sur les petites bosses, un tapis volant !

Par rapport à Haute Saintonge où je l'avais vu tripoter les vis de réglages tout le WE, la, il n'a rien touché du WE.

En plus, les pneus ne s'usent pas !

Merci K-Tech !

Sinon, niveau Chrono, sa fille Lucie également du déplacement, le prendra en 1 mn 57 s.

Plus tard, un autre gars en Triumph (modèle 2014, donc plus récente) avec qui il s'est tiré la bourre lui dira qu'ils étaient à ce moment en 1 mn 55-56 s.

Pas mal pour une reprise !

Et côté perfs, le mec est venu le voir "qui c'est qui pilote la Triumph grise ?"

Discussion : La Daytona 2014 est équivalente en vitesse maxi en fin de ligne droite, par contre "tu me laisses sur place en sortie de virage ! Comment elle accélère, ta moto !"

Jean-Luc lui explique ce qu'il a fait, et le gars n'en revient pas ...

Clément commence à bien connaître sa moto. La confiance s'installe et au sortir d'une session, il dit à Jean-Luc qu'il sent que sa moto s'écrase un peu vite de l'arrière à l'accélération.

Aaaaah !

C'est signe qu'il progresse non seulement en ressenti, mais qu'il commence à faire apparaître des phénomènes indésirables parce qu'il roule plus vite.

Jean-Luc lui montre la molette de réglage de l'hydraulique sur son amortisseur AR, et le durcit pour ajouter du frein en compression.

Sinon, la moto tournera tout le WE comme une horloge.

Seul souci au niveau de la moto : En vérifiant le niveau d'huile, il faudra en remettre pas moins d'UN litre pour refaire le niveau.

Ensuite, ça ne bougera pas du restant du WE.

"J'ai du me gourer la dernière fois que j'ai fait la vidange ..."

Souci également au niveau physique : Mal au poignet gauche, genre de tendinite ou douleur articulaire, ou mélange des deux; il ne sent pas bien.

Bandage avec de la pommade au Diclofénac, cachet de la même molécule, glace, rien n'y fera, ça va le suivre tout le WE.

Il le terminera en serrant les dents, en réalisant un beau 2 mn 03 s.

Gaby découvrait sa 600 CBR.

Il a déjà roulé sur une version plus ancienne de 1998, mais sur le modèle 2000, tout a changé.

Il y a une "vraie" fourche (dixit Jean-Luc), le moteur sort d'origine 10 ch de plus que la version précédente avec laquelle il avait couru en VMA.

Elle est également plus légère de 20 kg ! Oui, vous avez bien lu !

Cadre, bras oscillant, tout est en aluminium alors que c'était en ferraille sur la version 1998 !

Bon, c'est vrai que sa précédente moto avait reçu une cure de vitamines dans l'atelier de Jean-Luc alors que celle-ci est encore complètement stock.

Le bilan : Côté moteur, ce n'est pas mal du tout, le fonctionnement est progressif, c'est puissant dans les tours, pas autant que celle de Clément, mais Gaby est vraiment content.

Et côté partie Cycle, la moto qu'il a achetée était équipée d'un amortisseur EMC, et combiné avec le boulot réalisé sur la fourche, ça donne ? Une moto rail et confortable.

Aucun mouvement parasite, aucun dribble, freinage au top, position aussi, Gaby est super content.

Il sera pris par Cécile en 2 mn 09 s, ce qui est très bien, compte tenu de la nouveauté de la moto et de la reprise après cet éternel confinement qui n'en finit plus (au moment ou j'écris ces lignes, c'est reparti pour un tour !!!)

En plus, dès le Samedi soir, notre Gaby est moulu : "Oah cong !"

Ça va revenir, Gaby ! 

Et notre débutant Mickaël dans tout ça ?

Eh bien on pensait tous qu'il suivrait un itinéraire d'apprentissage nécessairement long et parsemé d'erreurs, de sorties de piste, et autres joyeusetés.

Eh bien pas du tout : Il roule super propre, tient bien ses trajectoires, les écarts sont rares, et les chronos surprenants.

Il est carrément le plus rapide de la série débutants en 2 mn 06 s !!

En plus, les autres sont pour lui des chicanes mobiles ce qui en dit long sur les conditions dans lesquelles il a pu réaliser ce super chrono.

Vraiment BRAVO !

Dimanche

On a changé d'heure cette nuit, ce matin on est une heure plus tôt !

J'ai remonté ma montre, comme c'est préconisé, elle est maintenant au niveau de mon coude, mais l'heure affichée a refusé de changer !!!

C'est décidé : J'achète une montre neuve !

Non, il y a assez de techniciens dans notre team, je vais bien en trouver un qui saura me régler l'heure sur ma montre ... ce sera Jean-Luc.

Il fait très froid.

Casque, bonnet, cagoule ... tout est bon pour se protéger du froid.

Comment dit-on "il fait froid en Japonais" ...   SAKAï ! SAKAï !

Nos amis Thierry et Antoine Chapeau sont venus nous rejoindre.

Jean-Luc a préparé la Triumph d'Antoine. Des modifs moteur au niveau de l'alternateur, et également de la cartographie.

Il est venu la tester.

A part quelques difficultés à démarrer (sûrement à cause du froid), la moto est une bombe : Elle a vraiment fait un gros pas en avant en performance moteur.

La tenue de route impeccable ... après avoir resserré la colonne de Direction qui faisait "klok".

Antoine est content.

Et côté Chronos, ça pique : 1 mn 46 s !

Ouf ...

Nos pilotes enchainent les séances au soleil.

Seul incident pour Jean-Luc : une mouche est rentrée dans son casque.

Bzzzzzz, la mouche qui vole partout devant les yeux en roulant, au freinage, en virage ...

Dans la ligne droite, Jean-Luc a tenté plusieurs fois d'entr'ouvrir la visière, et il a cru avoir réussi à chasser l'intruse.

Mais en fait, le vent a plaqué la mouche contre les mousses du casque.

Et dès qu'il a refermé la visière, BZZZZZZZ !

Il a dû la garder pendant trois tours, à voleter devant ses yeux avant qu'elle ne finisse par trouver une sortie.

A un moment, pendant la session des débutants, il y a soudain un drapeau rouge : La séance est arrêtée pour cause de ...

Ben justement, on ne sait pas.

Nous attendons Mickaël ... qui ne rentre pas comme tous les autres.

Cécile commence à s'inquiéter quand justement, le voilà qui arrive dans la la remorque de l'organisation.

Un rapide coup d’œil révèle qu'il n'a rien et la moto non plus, a part la caméra arrachée de son support et une patte de carénage cassée.

Plus de peur que de mal.

Je suis trop loin pour comprendre ce qu'il dit, j'entends juste "je venais de doubler un mec", "le virage là ", "et puis l'autre virage", et "je suis sorti trop large", "je n'ai pas voulu freiner dans l'herbe", "si, j'ai peut-être freiné, finalement, mais juste un tout petit peu".

Bref, c'était apparemment encore trop, et il est parti faire Jardiland.

On lui avait pourtant bien dit de rester sur le bitume ! Mais déjà tout petit il dépassait quand il coloriait.

Ce qui compte, il ne s'est pas fait mal et sa moto est intacte.

Nos pilotes ont fait toutes les sessions du dimanche.

Le weekend s'est passé dans une grande bonne humeur, la rigolade était au rendez-vous.

Jean-Luc a bien soudé un petit peu, une patoune de radiateur cassée sur la moto de Mickaël.

On va dire juste pour le plaisir. 

"Tu veux que je te casse un truc, Jean-Luc ?"

"Oui, merci Mickaël !"

Dimanche soir, nous ne pouvons pas repartir à cause du couvre-feu.

Nous avons eu l'autorisation de rester dormir sur le circuit.

Tout seuls sur le paddock ...

Ce fut un bon week-end entre potes.

Dès que nous le pourrons, nous referons certainement plusieurs autres roulages.

Normalement vers fin Mai, sans doute à Pau.

Catherine Sornin (Mère, épouse et copine de pilotes) et Jean-Luc Sornin.

Comments

[Clément Sornin]

"Super article, comme d'habitude ! Merci beaucoup pour l'assistance et l'excellente cuisine !! C'était un très bon week end pour une première de l'année. On a eu beaucoup de chance avec la météo, malgré le froid. Merci encore Maman !!"