20-21 et 22 octobre 2017

Nous sommes au circuit de PAU-ARNOS

C'est la dernière manche de la saison 2017 du
Championnat de France Vitesse Motos Anciennes

Deux pilotes dans le team ce week-end :
Jean-Luc Sornin sur Honda 600 CBR n°38 et Eric Drossart sur Honda 600 CBR n°53

Les motos sont prêtes et le soleil est là mais Jean-Luc est malade, je lui ai refilé mon
GROS RHUBE.

Jean-Luc : - "Je ne trouve plus mes plaquettes ... elles sont où mes plaquettes ?"
Cat : - "Tu veux changer de plaquettes de frein maintenant ?"
Jean-Luc : "Non, mes plaquettes d'Enrhumex, tu sais, les trucs sensés soigner mon rhume"

Essais libres

3 séances (payantes ...), une le matin et deux l'après midi du vendredi.

L'été est de retour, grand soleil, 25°C, à la fin de chaque séance on ressort le sèche casque car les pilotes ont chaud.

Les chronos descendent doucement sauf en dernière séance : Jean-Luc est un peu gêné, dans les deux courbes en haut du circuit, les pilotes ont le soleil en pleine face, ce qui fait qu'enquiller le genou par terre est loin d'être évident ...

Mais il ne va pas se plaindre : Il vaut mieux poursuivre l'ombre de ses compagnons que de rouler sous la pluie.

Comme d'habitude, entre chaque séance d'essais, on bricole beaucoup, on aide les copains.

L'inévitable pot cassé de la moto plus très fraiche du copain est au rendez-vous !

Donc, on soude : Jean-Luc amène toujours son TIG sur le circuit, et je me demande quelques fois si à force, les autres coureurs qui le savent n'attendent pas d'être sur le circuit pour faire réparer tel ou tel truc pété sur leur moto !

Donc je vois mon Jean-Luc ouvrir la soute du camping car, sortir la bouteille d'argon, le bac avec tous les tuyaux et câbles, le masque à souder et bien sûr le poste.

Le temps de tout brancher et l'atelier soudure est ouvert ! Il ne fermera qu'à la nuit tombée.

Ranger tout pour ne pas se le faire ... dérober.

Sur certaines motos, les réparations font suite à une (voire plusieurs ...) chutes.

Ou encore les choses ont trainé, et la matière métallique a été martyrisée, tordue, hachée...

Alors on meule, on martèle, on détord, on re-meule encore un peu, avant de pouvoir souder.

Il se fait les ongles à la disqueuse ?

Il en est bien capable mais là, non, c'est une petite patte de pot qu'il meule avant soudure.

Il faut dire que ce pot avait subi une réparation ... douteuse ... à voir comment Jean-Luc a râlé en décapant des quantités impressionnantes de soudure à l'arc que ne renierait pas un portail de chantier !

On est chez "Sornin Père et Fils REPARATIONS TOUTES MARQUES" !!

Il faudrait que je mette un panneau sur le barnum.

On répare tout ici, même le broc d'essence en plastique qui fuit, un broc presque neuf, à peine 25 ans !

Samedi 21 octobre 2017

Il est 6 heures du mat, tout est calme.
Il fait nuit ... on dort bien ...

Quand tout à coup, le camping car est violemment secoué par une main de géant.
Jean-Luc saute du lit comme s'il tombait par terre, enfile un sweat et plonge dehors en mettant sa lampe frontale.
Un brusque coup de vent a déplacé le barnum d'un mètre.
On rentre l'auvent du camping car à la hâte. On cherche de quoi sangler le barnum.

On appelle souvent Jean-Luc " Slipman ", parce qu'il tarde toujours à s'habiller après avoir retiré sa combinaison de cuir et " traîne en slibar " espérant retrouver où il a mis son pantalon ou short.

Au moment où je sors du camping car, là devant moi, je vois des slipman partout.
Certains sont pieds-nus, ils courent dans tous les sens après leurs biens qui s'envolent et tentent de sangler les tentes qui font des bonds, certaines sont déjà arrivées de l'autre côté du grillage.

SLIPMAN le vrai, souvent imité, jamais égalé, prend des sangles dans la remorque où dormait Eric et fixe le barnum aux voitures alentour.

Au petit matin, spectacle de désolation dans le paddock

Et ambiance "mouillée" sur la piste.

Je ne sais pas si le mec qui a fait le panneau est quelqu'un qui manie l'humour, mais j'ai bien aimé le "temps humide" ...

Il aurait pu également parler de "moiteur" pendant qu'il y était !

On a QUELQUES pneus à la maison ... un petit peu ...

Jean-Luc a choisi de se monter en Dunzeller/pluie ( Dunlop à l'avant et Metzeller à l'arrière )

C'est l'opération changement de roues N° 1

A l'avant, couper les petits fils de fer obligatoires dans les vis d'étriers de freins car il faut impérativement démonter ceux-ci pour pouvoir démonter la roue. Ces fils sont obligatoires pour le contrôle technique, on n'a pourtant jamais vu d'étriers de frein partir tous seuls.

Desserrer tout un tas de vis pour finalement enlever l'axe, et ensuite tout refaire à l'envers, sans oublier de remettre ces foutus petits fils de fer ...

La roue arrière pose moins de problèmes, il y a juste l'axe de roue à démonter et son calme a garder au moment de remettre l'étrier de frein en place.

Comme c'est Clément qui s'en occupe, le pauvre étrier reçoit une bordée de jurons jusqu'à ce qu'il cède et finisse par prendre sa place.

Essais qualificatifs

Jean-Luc n'aime pas la pluie, on le sait !

Il parvient tout de même à rouler en 1mn37.9, il a le 6ème temps.

Eric a le 5ème temps, il roule en 1mn37.7

Je vois Jean-Luc renfrogné, non qu'Eric soit devant lui, mais 6e, je vois bien que ça ne lui plait pas.

Jean-Luc n'est pas content de sa fourche, ça "coince", il y a comme "un point dur".

Le soir, bien aidé de Clément, il cherche à comprendre .

Comme les ennuis arrivent en général par vagues, en remontant l'étrier de frein, il constate que le pas de vis de l'étrier est "foiré".

C'est vrai qu'à force de démonter et remonter ...

Il est obligé de réparer le pas de vis avec une sorte de fil de métal (ça s'appelle un Hélicoil) pour refaire un pas de vis tout neuf.

Dimanche 22 octobre 2017

Réveil à 7h30, dur ! dur ! ...pour un dimanche matin.
En plus il fait nuit, et froid ... il pleut ... on est à Drach-Arnos.
Dès fois, je me demande si c'est vraiment un loisir !

Le départ de la FINALE 1 est à 8h30.

Il fait à peine jour ...

Ils réfléchissent, des fois, ceux qui font les horaires ?

Jean-Luc prend un super départ : Il est 3ème au premier freinage.

SOUS LA PLUIE : Ils sont fous !

Derrière lui, Pierrick Babin N°52 le talonne.

Eric a revêtu son habit de lumière jaune, il est 5ème.

Pierrick attaque plusieurs fois Jean-Luc que je sens tout de même prudent, même si ça m'impressionne de les voir tous rouler aussi vite sous la pluie.

Il faut dire que les pneus pluie ont fait des progrès : Les pilotes disent souvent que c'est "de la colle" !

A force de forcer, Pierrick finit par passer Jean-Luc.

Jean-Luc tentera de s'accrocher mais Pierrick s'éloigne inexorablement.

Je préfère ça plutôt qu'il ne mette la "cabane sur le chien".

S'il ne le fait pas, c'est qu'il ne le sent pas.

Jean-Luc finira cette course en quatrième position écourtée par un drapeau rouge : Un pilote est tombé dans la grande descente en roulant sur la bande blanche.

Sa moto est sur la piste, le pilote est à 4 pattes dans l'herbe : Trop dangereux pour tout le monde.

Il restait 3 tours, donc, retour aux stands puisque 75% de l'épreuve ont été couverts.

Et là je vois de mes yeux quelque chose d'hallucinant : Le Directeur de course qui pose la question aux pilotes de savoir s'ils veulent repartir pour 5 tours !

Il ne connaît pas son propre règlement, le brave homme ? Il a pensé à la quantité d'essence dans les réservoirs ?

Heureusement, cette proposition sera bien vite oubliée.

Classement FINALE 1

Il faut noter que les trois premiers sont des gars dans les 25 ans ... les deux pilotes qui suivent (Jean-Luc et Eric) auront bientôt 60 ans .

Moi je dis, BRAVO les vieux !

Dimanche début d'après-midi

13h50 Il fait SOLEIL !

Jean-Luc : -" Bon, les gars, le temps à l'air de bien s'améliorer, je pense qu'il faut monter les pneus secs pour la finale 2 "

Par acquis de conscience, Jean-Luc enfourche mon vélo pour faire le tour du circuit (c'est la pause déjeuner, personne ne roule).

Il faut dire qu'il a monté un kit électrique que m'a offert mon autre fils Thomas.

Et ce kit est une balle : 45 km/h ! Je vois mon Jean-Luc dévaler la descente de l'autre côté du circuit à ... certainement plus que ça et rentrer de son tour de circuit même pas essoufflé et en un temps record ... pour un vélo, s'entend !

Décision validée.

Clément : "OK patron,; c'est comme si c'était fait "

Opération changement de roues n°2

On re-coupe les petits fils de fer, re-démonte toutes les vis de la fourche, et l'étrier de frein arrière reçoit à nouveau sa bordée de jurons à fort volume et ponctués de "allléééééééé !!!" bien sentis.

Puis ça se calme, les pneus secs sont remontés, les axes sont serrés, les vis ont repris leur place sans foirer aucun filetage, ça se présente bien.

Les pilotes sont plutôt contents à l'idée de faire la dernière manche de la saison sur le sec.

14h20

De gros nuages s'avancent ...

C'est le moment de rejoindre la pré-grille ...

Les pilotes sont en tenue,

et Bang ! La flotte qui dégringole !

C'est le moment de prendre le départ, tous les pilotes sont en pneus secs.
Jean-Luc va voir Evelyne Desbordes (de la Débordes'Cup ) qui attend en pré-grille.

Jean-Luc : -" Là, on va tous au casse-pipe, moi, je ne pars pas comme ça, je vais charger ma brêle dans la remorque et rentrer chez moi directement. La saison est finie.

A moins qu'on n'ait un délai pour changer nos pneus .... "

Evelyne : " Ah, pour ça, il faut demander au directeur de course ! "

Jean-Luc : "Non, TU demandes au Directeur de course !"

Evelyne attrape son talkie-walkie ...

Jean-Luc revient et 2 minutes plus tard on entend aux haut-parleurs que le départ de la course est différé de 20 minutes mais qu'en revanche elle sera écourtée à 9 tours.

YESSSS !

OK ! BRANLE-BAS !

comme dirait mon teckel ...

opération changement de roues n°3

Ca devient une histoire de fous !

On démonte les roues pneus secs et on remonte les roues pneus pluie.

Clément finit par faire preuve d'une efficacité redoutable pour démonter et remonter les roues arrière rapidement : Il ne crie presque pas cette fois, concentré, précis, les sourcils froncés, impressionnant visiblement l'étrier arrière qui ne moufte pas.

Avec l'entrainement qu'il a eu, il est mûr pour l'an prochain !

Pour l'avant, les copains Paulo et Daniel viennent donner un coup de main.

Merci à eux pour cette solidarité.

Pas facile pour les pilotes de bricoler en combine de cuir !

Finalement le départ est donné.

Le soleil revient, la pluie a même cessé, mais la piste est encore détrempée.

Tout le monde est en pneus pluie.

Merci Evelyne !

Jean-Luc prend encore une fois un bon départ.

Au premier freinage, il est comme en première manche, 3ème derrière Pierre Roques N°44 et Rémy Dupuy N°48

Les deux devant partent fort ... ils ont peut-être oublié que les pneus changés en urgence étaient ... froids.

Normalement, on met les couvertures chauffantes 30 mn avant la pré-grille.

Mais là, les couvertures étaient sur les pneus pour le sec.

Les roues pluie n'y ont pas eu droit. Jean-Luc les a mises, mais à peine 5 mn. Mieux que rien, mais il faut rester prudent les premiers tours ...

Pierre chute au deuxième tour. Il perd l'arrière à l'accélération en sortie de l'épingle et part en l'air ... Ca s'appelle un High Side.

Il ne repartira pas ...

Jean-Luc l'évite pour ne pas lui rouler dessus.

Rémy en profite pour prendre une belle avance.

Jean-Luc fera toute la course roue dans roue avec Pierrick Babin N°52

Belle bagarre, Jean-Luc cette fois, redoublant en sortie Pierrick qui a fait plusieurs fois des freinages en mode Joe Bar Team.

Finalement Jean-Luc augmente le rythme, les chronos descendent de plus en plus.

Visiblement, comme c'est la dernière manche, Jean-Luc "tape" dans ses pneus.

La piste est de plus en plus séchante et à deux tours de la fin, son chrono est 4 secondes plus rapide que celui du matin.

Pierrick lâche prise et Jean-Luc se ménage un bel avantage de 50m environ, puis ça passe à 100m.

A l'arrivée, son pneu arrière est détruit.

"Ca glissoullait" dira-t-il ... Tu parles !

Il passera 2ème sous le drapeau à damiers avec un meilleur temps en 1mn 34s 7 dans le dernier tour, seulement à 14 millièmes de secondes du meilleur tour en course établi par Rémy Dupuis.

Pas mal !

Classement FINALE 2

Eric a également très bien roulé, également détruit son pneu arrière.

Il finit 5ème.

Le positif est qu'il n'y a aucune moto à reconstruire de A à Z pendant l'hiver.

Jean-Luc avait fait la révision complète de sa moto avant Pau, donc on peut pour ainsi dire qu'elle est prête pour l'an prochain.

Sauf que pour l'an prochain, il a un autre projet en tête ...

Eric repartira avec la même moto, repeinte à neuf, et révisée entièrement par Jean-Luc.

A cause de ces changements de météo qui nous ont fait tourner zinzins, Jean-Luc a été sur le point d'abandonner, il a failli ne pas faire cette finale 2.

Nos pilotes sont conscients que rien n'aurait été possible sans l'intervention rapide des mécanos capables de changer les roues en un temps record.

Merci Clément, Paulo, Daniel ...

Le team au complet :

Clément (le fils), Jean-Luc (le papa), Cath (la maman) et Eric (le pote de 30 ans qui en a bientôt 60 !).

C'était la dernière course du Championnat.

Jean-Luc est 2ème de ce championnat VMA OPEN EVOLUTION 600

Il est Vice-Champion de France Vitesse Motos Anciennes 2017 !!

A l'année prochaine ... sur d'autres circuits.

Catherine Sornin

PAU-ARNOS 2017