Lundi 26 août 2020

La SRAD a été vendue !

Non sans mal (6 mois d'annonce dans Le Bon Coin) mais elle est finalement partie.

Puis j'ai vu Jean-Luc regarder des bateaux ...

Toujours sur le même site.

Un bateau ?

C'est vrai qu'à Barcarès où nous avons maintenant nos quartiers d'hiver, aller dans des coins inaccessibles pour dire bonjour sous l'eau aux poissons, c'est sympa.

Jean-Luc : - "en plus des balades plongée, si je veux, je peux mettre facilement 250 ch dans un moteur Yam hors bord de 200 ch, ça enverrait du pâté ! On pourrait tirer une bouée ..."
Cath : - "Heu! tu sais, j'ai pas vraiment envie de me faire tirer...." "enfin, pas sur une bouée!"

Puis on y est allé, on a vu ... qu'il n'y avait pas tellement de poissons, ou alors il faudrait aller vraiment loin, que le mouillage (parking du bateau) coûtait une fortune, que chaque balade consommait un bras en carburant, on hésitait ...

Quelques jours plus tard, on a fait un roulage à Nogaro avec Clément, lui sur sa 600 CBR fraîchement refaite à neuf, et Jean-Luc sur sa vaillante 500 CB.

120 chevaux pour le fils, 70 pour le père.

Bon, on ne va pas parler du poids ... (je suis vilaine ...)

Jusqu'à présent, le papa arrivait à rester devant le fils malgré les différences évidentes de rapport poids puissance (erk erk !)

Mais le problème est que le fiston progresse à pas de géants à chaque sortie.

Et là, à Nogaro, le papa a du se cracher sérieusement dans les mains pour suivre le fiston.

Ca l'a fait, mais "tout juste tout juste", en faisant l'accordéon : Clément larguant la 500 CB dans les bouts droits, et Jean-Luc tordant la fourche à chaque freinage et tendant à mort les trajectoires pour recoller au cul de la moto noire.

Le lendemain, les recherches de Jean-Luc sur Le Bon Coin se sont faites dans une autre catégorie.

Puis lundi dernier, Jean-Luc est allé faire un tour avec le trafic.

Mais qu'y a-t'il dans ce camion ???

C'est pas un bateau, c'est une MOTO !
Une TRIUMPH 675 DAYTONA de 2008, fraîchement achetée toujours grâce au même site de vente.

Je l'ai échappé belle ! pour le coup de la bouée tirée ! OUF !

Le choix de ce modèle ne s'est pas fait par hasard : Lassé des tracasseries des tracassins et autres fuites d'huile et d'eau rencontrées sur les "vieilles" (motos !), mis à part Honda (et encore, il faut changer le radiateur, sinon ça fait bouillotte !), il a souhaité une moto plus moderne.

Le budget pour une moto neuve étant rédhibitoire, une occasion "récente", fiable, performante, comme dit Jean-Luc "gonfler la chaîne et graisser les pneus" étant la seule chose à faire pour pouvoir rouler un WE en toute tranquillité.

Plus mettre du carburant, bien-sûr !

Jean-Luc suit depuis presque 3 ans maintenant Antoine CHAPEAU, qui participe au Supersport avec deux Triumph 675 Daytona, un peu plus récentes, certes, mais comparables à celle qu'il vient d'acheter.

Quand je dis "suit", pas sur la piste, là avec sa 500 CB, ça ne le ferait pas ...

Il s'occupe de la préparation à l'atelier, du moteur à la partie cycle, et aux réparations lorsque ... ça tourne mal.

Il a donc eu le loisir de décortiquer ces 2 motos dans les moindres détails, tant moteur que pour tout le reste de la moto.

Il a été étonné et séduit par la qualité de conception et de réalisation qu'il a dit "être comparable à Honda".

Et ça, ce n'est pas un petit compliment.

Dernière chose : La moto d'Antoine CHAPEAU qui roule le plus a été préparée au niveau moteur pour qu'elle sorte 6-7 chevaux de plus. Dans l'opération, Jean-Luc a rénové le moteur en changeant certaines pièces d'usure, mais il a constaté que ces pièces étaient encore comme neuves, ne présentant aucune trace d'aucune sorte.

Nickel, brillantes, bien lubrifiées, ces pièces ont été changées "vraiment" par sécurité.

Et ce moteur a maintenant deux saisons dans les pistons et tourne toujours comme une horloge. A la fin d'une course où on l'a entendu hurler dans la ligne droite, Antoine rentre aux stands et le moteur ronronne comme un chat, sans aucun bruit mécanique.

Donc, Jean-Luc vient d'en acheter une qui a 60 000 km.

Je ne l'ai pas vu inquiet.

Jean-Luc a arrêté la compétition, certes, mais le plaisir de rouler est toujours là.

Il a décidé de faire des "roulages libres" sur circuit avec son fils Clément et tous les copains qui voudront bien nous accompagner.

Mais vous vous doutez bien que cette moto qui est si belle est une moto qui n'a fait que de la route !

Avant de pouvoir rouler sur une piste et n'avoir rien d'autre à faire que "gonfler la chaîne et graisser les pneus", il va y avoir un peu de boulot, vous vous en doutez, non ?

Et puis, vous commencez à connaître Jean-Luc : Vous imaginez qu'il puisse rouler comme ça, avec tout l'équipement d'origine, en mettant du scotch sur les phares ?

JOUR 1

- Béquille

La moto est actuellement appuyée sur la béquille latérale.

Avant de la supprimer et de la remplacer par une béquille de stands, il faut pourvoir accrocher ladite béquille à quelque chose.

Jean-Luc fabrique des diabolos en POM (travail réalisé au tour).

La béquille a été commandée sur Internet, ainsi que des carénages poly piste tout neufs.

Et voilà, pile poil, même pas besoin de cales ! Enfin si, pour écarter le diabolo du bras oscillant, afin que la fourche de la béquille ne vienne pas frotter dessus, Jean-Luc confectionne deux petites entretoises en Alu.

La roue arrière est maintenant surélevée, on peut maintenant ôter la béquille latérale.

Deux vis à enlever à la clé à chocs, et le tour est joué.

Il faut maintenant supprimer aussi le contacteur de béquille devenu inutile.

Celui-ci sert à empêcher le démarrage de la moto quand une vitesse est enclenchée si jamais on a oublié de rabattre sa béquille latérale.

Il y a une bonne trentaine d'années, ce système n'existait pas.

Jean-Luc avait oublié de rabattre sa béquille latérale après avoir été prendre de l'essence sur le boulevard circulaire à la Défense. Au premier virage .... la moto (350 RDLC) est partie se détruire dans le rail et Jean-Luc a parcouru une bonne distance sur le ventre.

Souvenirs : J'ai reçu un coup de fil ... " j'arrive ! ". Il avait appelé partout, personne n'avait répondu sauf moi.

C'est moi qui suis allée le chercher et fait ses premiers pansements.

C'était au début de notre histoire.

- A règné.

Non, araignée.

Il y a toujours des surprises lorsqu'on achète une moto d'occasion.

Jean-Luc a beau s'y connaître "un petit peu", on découvre toujours des trucs.

En démontant le tête de fourche, Jean-Luc s'est aperçu que l'araignée (support de carénage) était cassée. Le précédent propriétaire, adepte des traditions séculaires de ce merveilleux continent qu'est L'Afrique, a fait tenir les deux morceaux ensemble à l'aide d'une patte en métal improbable fixée par deux boulons.

Jean-Luc jette les morceaux de métal à la poubelle avec une moue qui en dit long sur son appréciation de la réparation.

Meuleuse, Dremmel, brosse métallique, il décape la peinture autour des parties à souder et met le TIG en route.

Quelques points de soudure plus tard ...

Un petit coup de peinture noire à la bombe ... c'est réparé.

- Liquide de refroidissement

Il est interdit de rouler sur circuit avec du liquide de refroidissement.

En cas de chute, répandre ce liquide plus glissant que de l'huile, et surtout qui ne sèche pas, ne pénètre pas dans le goudron, peut être très dangereux pour les pilotes qui poseraient leurs roues dessus.

Jean-Luc vidange et rince le circuit de refroidissement, radiateur, moteur et bocal d'expansion.

Un grand nettoyage de tout le circuit est effectué à l'eau, afin de bien tout rincer.

A un moment donné, il aspire avec la bouche une durit qui ne voulait pas couler.

Vous auriez vu sa tête !! Pas bon, le liquide de refroidissement.

Il s'est rincé la bouche au moins 10 fois et il faisait toujours la même grimace !!

- Boite à air

A la base, Jean-Luc voulait vérifier si cette moto était toujours bridée à 100 ch (norme toujours en vigueur en France pour ces générations).

Il m'explique que sur ce modèle, le bridage est une bête butée qui empêche d'ouvrir les papillons des gaz à fond.

Au démontage, il s'aperçoit qu'il manque le joint situé entre la boite à air et le cadre.

Sûr, ça va fuir.

Démontage de la boîte à air, fabrication d'un joint "sur mesure" en mousse.

Mine de rien, ça prend un sacré temps !

- Débridage

Passons aux choses sérieuses ... on ne va pas rouler sur circuit avec une moto bridée !

Ce serait comme faire du vélo de descente en tirant une remorque.

Vous allez me dire que moi, en descente, je freine et je vais presque moins vite qu'en montée ...

La butée est bien là.

Deux vis à enlever, on vire la butée et les papillons s'ouvrent maintenant à fond.

Jean-Luc en profite pour revoir le passage das câbles d'accélérateur. Il aime bien quand c'est souple, que ça revient tout seul lorsqu'on lâche la poignée d'accélérateur en faisant un "clac" caractéristique.

Il aime également que la poignée n'ait aucun jeu au moment où il commence à accélérer.

Il retend donc les câbles au niveau de la rampe d'injection (eh oui ! Fini les carbus !).

Il y a d'autres tendeurs sur les gaines des câbles au niveau du guidon, mais ils étaient tendus à fond. Jean-Luc les a donc détendus, puis réglés au niveau de la rampe.

Simple, non ?

Jour 2

- Roue arrière

Changement de peuneu, "à la mano", à l'ancienne.

Jean-Luc a tout de même tout ce qu'il faut pour décoller le vieux pneu de la jante, et équilibrer la roue avec le nouveau pneu.

Les pneus de route chauffent sur circuit.

Selon la qualité, ils peuvent tenir très bien sur une piste, mais .. deux tours.

La gomme n'est pas prévue pour ça, mais pour aller au boulot le matin sans se mettre à plat ventre.

Passé cette distance, sur piste, la gomme surchauffe et perd de son adhérence, peut même se détruire et partir en boulettes.

Jean-Luc a pu avoir deux bons pneus d'occasion offerts par Antoine CHAPEAU du team HOLIDAYS qui n'ont fait qu'une seule manche? Ils sont donc en excellent état.

Remontage de la roue.

- Chaîne

La chaîne d'origine était en excellent état, proche du neuf.

Mais alors pourquoi la changer ?

Même principe que pour le pneu : En usage circuit, les composants chauffent beaucoup plus que sur route. De plus la chaîne d'origine est grosse et lourde.

Jean-Luc a donc acheté un modèle de chaîne renforcé, à friction réduite, moins large et plus légère.

Problème, si la chaîne est moins large, elle ne va plus rentrer sur les dents de la couronne ni du pignon.

Donc, changement également de la couronne, en alu s'il vous plait (gain de poids, erk erk erk), et du pignon.

Jean-Luc en profite également pour changer le rapport de démultiplication.

Un peu comme sur un dérailleur de vélo, si vous voulez.

D'origine, le rapport est calculé pour que si on prend l'autoroute (allemande), le moteur n'explose pas en étant trop haut en régime.

Sur circuit, les lignes droites sont courtes, 800 m à 1 km maxi.

Donc Jean-Luc m'explique qu'il a mis deux dents de moins sur le pignon de sortie de boîte.

Il a pris la précaution d'acheter un second pignon avec juste une dent de moins, et deux autres couronnes.

Mise en place de la chaîne toute neuve et réglage de la tension.

Réglage de l'alignement au laser.

Jean-Luc a depuis des années un petit outil qui envoie un rayon laser à 5 mm au dessus de l'endroit où il est posé. Bien parallèle, cela va se soi.

Il me montre qu'il pose l'outil contre la couronne : Un petit point rouge apparaît sur la chaîne au niveau de la couronne.

Puis il tourne la roue en arrière, et le petit point rouge suit la chaîne vers le pignon de sortie de boîte.

Arrivé vers le pignon de sortie de boîte, le petit point rouge doit être au même endroit sur la chaîne.

Ni à droite, ni à gauche.

Si ce n'est pas le cas, alors ça veut dire que la roue est braquée légèrement à droite ou à gauche.

Il faut corriger avec les tendeurs qui sont devant l'axe de roue, desserrer l'axe, corriger, et resserrer l'axe.

Ouf ! Même Jean-Luc qui fait ça depuis des années va mettre un bon quart d'heure à mettre cette roue parfaitement dans l'alignement.

A la fin, la roue tourne parfaitement sans aucun bruit.

Magnifayque !

- Roue avant

Même chose qu'à l'arrière : Changement du peuneu.

Remontage de la roue avant.

Jean-Luc en profite pour changer les plaquettes de freins.

Elle étaient pourtant quasi neuves !!

Même chose que pour les pneus : En usage piste, les plaquettes "tiennent" deux tours.

Il a donc commandé un jeu de plaquettes Racing.

Et il profite également de ce changement pour nettoyer les pistons des étriers et changer le liquide de freins.

Résultat : Comme pour la roue arrière, ça tourne librement et sans aucun bruit !

- Réservoir

Remise en place du réservoir, sans oublier de brancher les deux connecteurs électriques et la durit d'essence.

Sinon, ça va marcher beaucoup moins bien !

- Carénages

Comme le dit la célèbre chanson : "Eh, mon carénage !"

C'est souvent un moment de grande joie, quand on veut monter les élément poly "adaptables" qui se révèlent ne pas l'être vraiment.

Je me souviens d'heures passées sur la 600 CBR où rien ne tombait en face, le collecteur touchait, il avait fallu le couper pour le remonter ... Une horreur !

Donc Jean-Luc a pris une grande inspiration, et commencé par mettre le garde-boue en place.

Sorte de mise en jambes, d'échauffement, en quelque sorte.

Et jusqu'ici, tout va bien, ça se monte du premier coup, rien ne frotte sur le pneu ...

Seconde inspiration, Jean-Luc attaque le montage du "cul de selle".

Vous vous en doutez, les meilleures choses ont une fin, il faut confectionner deux entretoises pour que les vis n'écrasent pas le poly sur l'échappement.

Bon, ça va encore, on a vu pire.

Jean-Luc met en place un petit joint torique autour de chaque vis pour maintenir chaque entretoise en place.

Pas con ! Comme ça, au démontage, entretoises et vis restent en place sur le poly !

Ça sent le vécu des entretoises qui tombent 15 fois de suite au remontage, le hurlement primaire qui s'en suit ... Bref, vous connaissez peut-être ...

Troisième inspiration : On attaque le montage du carénage.

Evidemment, le montage de la bulle neuve qu'il ne faut pas rayer , ni casser est toujours problématique. Avez-vous déjà vu une bulle qui se monte sans qu'on ait à repercer des trous ici ou là ?

Et les vis ? il en faut toujours une plus longue quelque part !

Mais Jean-Luc n'a eu à déplacer qu'un trou et tout s'est monté correctement.

Deux entretoises pour les fixations latérales, même petit joint torique que pour la selle, et le haut de carénage est monté.

Reste le bas de carénage à monter.

Une patte en alu à gauche, pour la fixation qui est sous la chaîne, OK.

Ce jeu de carénages est fourni avec des DZUSS, ou DZEUS, ou ZEUS, enfin des trucs quart de tour rapides.

Après un bon quart d'heure passé à tenter de fixer la première, le sachet de ces merdes est allé prendre des cours de vol en direction de la poubelle.

Jean-Luc a ouvert une boîte, pris 6 agrafes qui comportent un pas de vis, et mis 6 vis.

Plus rapide à monter ou démonter que 6 DZEUSS qui prennent chacune un quart d'heure pour trouver le trou et parvenir à attraper la partie qui fait quart de tour.

Une fois monté, la partie basse du carénage ne tombe pas en face de la partie haute.

Qu'à cela ne tienne, Jean-Luc dégaine sa disqueuse armée d'un petit disque tout fin.

Après des prises de mesure, la disqueuse entre en action, les parties qui dépassent sont enlevées.

Bon, c'est sûr, depuis le temps qu'il s'en sert, Jean-Luc est devenu un virtuose de la disqueuse, mais je pense qu'il faut surtout beaucoup de patience ....

Et là, ça m'a étonné, il n'a pas hurlé, et toutes les pièces de cet ensemble poly ont été montées en 3 heures chrono.

Un record !

Les carénages sont montés, mais ils sont bruts de gelcoat.

Cet hiver, on trouvera un moment pour les faire peindre.

Si Jean-Luc est très adroit avec sa disqueuse, (je dis parfois que si je devais me faire opérer, je préférerais que ça soit lui qui m'opère ... à la disqueuse ! Naann, j'décooonne !), en revanche il n'est pas vraiment doué pour les travaux de peinture, il a le style "coulures et dégoulinures", ou encore "les goûts et les coulures".

Donc le travail sera donné à un professionnel.

Quand on croit que c'est fini ... il reste toujours des trucs à faire !

Il faut aussi confectionner des embouts de guidon (en POM), obligatoires aussi pour que le guidon ne fasse pas "emporte pièce" en cas de chute (aïe!)

N'oublions pas non plus la protection de levier de frein.

La moto est prête pour rouler sur circuit.

Il aura fallu deux jours de boulot, à raison de dix heures par jour soit 20 heures de préparation "minimale", le moteur reste "stock" ... pour le moment.

Nous irons rouler le 12 septembre sur le circuit de Haute-Saintonge.
Prochain article du blog "du garage à la piste" dès le 12 septembre.

Catherine Sornin.
épouse de Jean-Luc Sornin, mécano au garage et pilote sur la piste.