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ALMERIA 2019
Jeudi 28 février 2019
Nous sommes en route pour le circuit d'Alméria, au sud de l'Espagne.
Il y a 1400 km de route depuis chez nous en Isère jusqu'à ce circuit.
Nous sommes partis hier, vers 13h30.
Mais pourquoi aller si loin, me direz-vous ?
En fait, il y a deux raisons.
La première est que Jean-Luc, lassé d'attendre que la planète se réchauffe enfin a décidé d'aller rouler au soleil fin février. Donc, Espagne obligatoire.
Impossible de deviner lorsqu'il s'est inscrit fin novembre, qu'il ferait beau sur à peu près tous les circuits français !
La seconde, est qu'il a confondu avec ... Catalunya, qui est proche de Barcelone.
Catalunya, Almeria, c'est presque pareil ! ...
Jean-Luc, il est sourd ... même quand il lit !
Une fois les engagements payés, il a consulté à nouveau Google maps et ...
Oups ! 1400 km !
Vers minuit, nous roulons toujours et je m'étais assoupie à l'arrière du camping car.
Dans un demi sommeil, j'entends un bruit suspect.
CAK CAK CAK ....
Je préviens immédiatement Jean-Luc et Clément qui roulent, roulent, roulent ... qu'il y a vraisemblablement un problème à la roue de la remorque.
Jean-Luc : " Un roulement ? "
Cath : " Non, un roulement, ça fait TAC TAC TAC ...
là, c'est plutôt comme un canard : CAK CAK CAK avec un BRRRRIIIRRRR ... en bruit de fond.
Tu vois ? "
Jean-Luc : " Pas vraiment, non ... un canard ??? on va s'arrêter, dormir, et on verra demain ".
Arrêt sur une aire de repos tout de même, lampe frontale de rigueur : Au toucher, la surface du pneu à l'air de faire des vagues.
Jean-Luc enlève un peu de pression ... il faut dire que la brave remorque est bien chargée : 3 motos, tous les outils, les roues pluie, les pneus (peuneus pour les gens du sud ...) de rechange
Le lendemain, nous sommes sortis de l'autoroute, à la recherche d'un Euromaster.
Nous sommes quelque part au milieu de l'Espagne et il nous reste encore beaucoup de km à parcourir.
Néanmoins, nous tombons sur des gens charmants et compétents, qui EN PLUS, ont les bons pneus en stock, à un prix tout à fait raisonnable.
Au démontage, il s'avère effectivement TRÈS PRUDENT de mettre deux pneus neufs.
Et voilà ! Une bonne déchirure sur le côté du pneu, d'autres certainement invisibles sur la bande de roulement, je suis contente de l'avoir entendue et d'avoir averti qu'on risquait d'avoir un problème.
Il faut dire que ça fait plusieurs dizaines d'années que nous rejoignons les circuits en camion, en caravane, ou camping car avec remorque et que j'ai acquis une certaine ... "Aptitude" à décrypter les symptômes d'ennuis ... à venir.
Petit TUTO récapitulatif :
TAC TAC TAC , c'est un roulement, il faut s'arrêter et le changer.
( On en avait toujours un jeu d'avance dans la caravane )
Quand on voit de la FUMÉE dans le rétro, voir des FLAMMES qui sortent de la roue, il faut aussi s'arrêter, c'est la graisse du roulement qui crame. Il faut attendre que ça refroidisse avant de le changer (c'est du vécu).
Quand on a la TREMBLOTE au point de se faire claquer des dents, c'est qu'on va bientôt crever.
Quand le camping car ondule comme un SERPENT DE MER c'est une hernie sur le flanc du pneu, il faut aussi s'arrêter car on va encore bientôt crever.
et finalement le CAK CAK CAK de canard, c'est la structure du pneu qui se déchire.
Ça nous avait déjà fait ce coup là en revenant de Pau, c'est HORRIBLE, je ne vous montrerai pas de photo, c'est insoutenable, on voit la structure en tresses métalliques qui sort du pneu et s'enroule autour du caoutchouc, déconseillé aux personnes sensibles !
Comment ça ? Jean-Luc il roule trop vite, trop lourd, trop loin !!!!
Il ROULE, c'est tout, il est le direct descendant de l'homo érectus/homo sapiens, c'est l' HOMOROULUS.
Nous reprenons la route avec des pneus neufs et arrivons à Almeria, il est 13h, ça fait 24h que nous sommes partis.
25 degrés ! Un SOLEIL extraordinaire, nous sommes en février quand même.
Jean-Luc et Clément sont venus pour s'entraîner.
Ils ont préparé leurs motos cet hiver et veulent voir ce que cela donne.
Il nous reste à vider la remorque et monter le barnum .
Clément roulera avec une HONDA 600 CBR, elle est encore toute blanche, il n'a pas eu le temps de lui faire une peinture.
Par contre, tout de même avec l’œil du Papa, il a fait un moteur, mis une fourche de 600 Yamaha R6, des freins de la même moto, plus tout un tas de trucs destinés à faire de sa 600 CBR de l'an dernier un avion de chasse.
Jean-Luc roulera avec la SUZUKI 750 SRAD bleue et ... blanche (éléments en poly pas peints ...)
La HONDA 500 CB est là "au cas où", s'il y a un quelconque problème sur une des motos, on pourra toujours s'amuser avec la CB, ce serai dommage de venir jusqu'ici et de ne pas pouvoir rouler.
Cet hiver, Jean-Luc a changé l'amortisseur de la SRAD pour un Ohlins.
Pour le montage et le réglage de cet amortisseur, il a confectionné un système de réglage de la longueur de l'amortisseur lui-même, et installé des tirants réglables eux aussi. Ce qui fait qu'il peut tout régler ou dérégler dans tous les sens, c'est selon !
Il a aussi remplacé la fourche par une provenant d'une Yamaha R1, monté les étriers Yam qui vont avec, refait l'axe de roue AV pour que la roue de Suzuki monte dans la fourche de Yam (quel bazar), changé les ressorts de cette même fourche, changé les guidons et monté un maître cylindre radial.
Le moteur ? Pour l'instant, il roule avec le même que celui qu'il avait à Lédenon, lors de ses premiers essais avec cette même moto en Octobre mais un autre moteur est en cours de montage, de nombreuses pièces neuves attendent sur l'établi.
Patience ...
Vendredi 1er mars 2019
Jean-Luc et Clément se préparent pour leur premier roulage.
Ils ne connaissent pas le circuit d'Alméria.
Ils le découvrent ensemble, à tâtons.
C'est un circuit difficile à mémoriser, un peu comme celui de Lédenon, il y a de nombreux virages aveugles qui se ressemblent, ça monte et ça descend.
Jean-Luc est content de sa tenue de route.
Les travaux effectués cet hiver sur l'amortisseur et la fourche portent leurs fruits.
Apparemment, il a plutôt réglé que déréglé.
Oh, je le vois bien sortir le tournevis pour ajuster les réglages de la fourche et de l'amortisseur, clic, clic, clic, et chaque fois, ça va dans le bon sens.
"Ca va mieux qu'à Lédenon ?" je lui demande.
"- Rien à voir, c'est sans commune mesure"
Il est content des progrès accomplis, c'est bon signe.
Au moment de la pause repas, on étudie chaque courbe, on s'aide du plan du circuit.
L'après midi, les chronos descendent.
Jean-Luc a bien travaillé sur la tenue de route mais n'ayant pas touché au moteur, il doit toujours composer avec la brutalité des chevaux qui arrivent d'un seul coup.
Mais il m'explique qu'en ayant modifié la démultiplication finale de la moto, ce caractère désagréable est gommé et que ça devient conduisible.
A la cinquième séance, Clément se fait asperger d'un liquide blanchâtre qui sort du bouchon de radiateur.
Il a glissé mais n'est pas tombé. Il rentre avec le camion de service.
Sa combinaison est maculée de "mayonnaise" ( mélange eau/huile ).
La température moteur est dans le rouge ... Je me dis que Jean-Luc a bien fait d'amener la CB.
Clément, lui, est catastrophé : Tout un hiver de travail qui s'arrête là, d'un coup.
Qu'est ce qu'on fait ?
On pleure ? On rentre à la maison ?
Non, c'est pas le genre de la maison, on démonte, on cherche d'où ça vient et on essaye de réparer sur place.
Jean-Luc prend son petit tabouret, et outils en mains, commence à s'attaquer au problème.
Clément s'affaire aussi et ça semble le calmer un peu de ne pas voir à ranger la moto tout de suite dans la remorque.
C'est une véritable mayonnaise qui sort des durits, du moteur, du radiateur.
Jean-Luc n'a jamais vu ça, et pourtant il en a vu pas mal.
On dirait du fromage blanc , épais, pâteux, tout est bouché par cette matière blanchâtre.
Clément démonte son radiateur et le nettoie à l'eau très chaude.
Mais il semble que ce traitement laisse la matière blanche indifférente.
Finalement, c'est l'essence qui aura raison de la résistance de cette matière : Tout y passe, radiateur, moteur, durits, pompe à eau.
Puis on effectue un grand rinçage à l'eau chaude jusqu'à ce que ça coule "clair".
Après inspection, il s'avère que ces dégâts sont dus à la défection d'un joint torique de l'échangeur eau/huile qui sert au refroidissement.
Ces joints ont 20 ans d'âge et n'avaient jamais été démontés.
Pas comme le whisky ...
Père et fils continuent de s'affairer, des joints neufs sont montés partout en lieu et place des vieux.
Le soleil se couche ... tout est remonté.
- " Qu'est ce qu'on mange ce soir, ça vous dit des œufs mayonnaise ?"
- " NON !!! pas de mayonnaise !!! "
Dernière vérification : on fait tourner le moteur.
Une fuite d'eau apparait au niveau du plastique sous le bouchon de radiateur ...
Clément en a les bras qui tombent : C'est une HISTOIRE SANS FIN !!!!
Inspection avec la lampe frontale ... et une fente est découverte : Jean-Luc sort son au fer à souder électrique et ressoude la fissure en faisant fondre le plastique.
Maintenant, il fait vraiment nuit, on va quand même essayer de voir si ça marche .
Moteur démarré, on attend ... CA NE FUIT PLUS !
Victoire ?
Non, l'histoire sans fin continue : Le radiateur reste froid !!!!
L'eau ne circule pas ...
Jean-Luc démonte rapidement la pompe à eau : Elle est intacte, elle tourne bien lorsque qu'on actionne le démarreur
Là, Clément et Jean-Luc ne comprennent pas.
POURQUOI ???? Il n'y a rien de bouché.
C'est avec la tête pleine de questions que nous allons nous coucher.
Enfin Clément et moi d'abord.
Jean-Luc tourne et vire encore un peu, il rentre et sort du camping car, puis vers minuit, il finit par venir se coucher et me dit :
- "Ça y est, je sais : J'ai trouvé la panne "
Têtu le mec ...
Clément dort ( ou plutôt ne dors pas ) dans la remorque.
Je dis à Jean-Luc de le prévenir, mais ne sachant s'il dort ou pas, il préfère lui envoyer un texto.
- " J'ai trouvé la panne ! "
- " C'est quoi ???? "
- " Je le dis pas ."
- " Bon, si je te le dis : Il faut purger la pompe à eau. Les deux durits arrivent dans le bas de la pompe à eau et l'eau ne monte pas jusqu'en haut, ce qui fait qu'il reste de l'air. Les ailettes brassent cet air au lieu de pousser l'eau , maintenant tu peux dormir, on verra ça demain matin ".
Demain, la pompe à eau va pompe-à-eauyer !
Fallait y penser ...
Samedi 2 mars 2019
Le soleil se lève sur Alméria.
La pompe à eau a été purgée, et immédiatement, la circulation d'eau s'est amorcée, le radiateur chauffe normalement.
Maintenant, elle pompe-à-yeautte tellement bien, que .... le radiateur fuit sous la pression !
L'HISTOIRE SANS FIN continue, Clément soupire, va finir par s'énerver !
Son père a sorti la poire à mastic silicone.
Allez, on redémonte tout.
Le Sornin est un "animal têtu", deux Sornin, c'est presque le début d'un troupeau, ça ne lâche rien !
Ils ont décidé que Clément fera toutes les séances de roulage avec sa CBR , il est venu pour ça et il les fera !
La fuite est comblée au mastic.
On a aussi remplacé encore un joint à deux balles entre la pompe à eau et le moteur qui avait l'âge de la moto et qui suintait l'huile.
Plus rien ne coule de la moto : Ni eau ni huile.
Ce n'est quand même pas la MATIERE qui va prendre le dessus sur l'esprit humain !!!
Fin des fuites !
Non mais !!
Premier roulage, ce matin, Jean-Luc et Clément vont rouler sur le circuit d'ANDALUCIA
Ce circuit tout neuf jouxte le circuit d'Alméria.
Clément n'est pas serein, normal !
Il roule sur un second circuit qu'il ne connait pas dans le même WE, avec un oeil sur les virages qu'il découvre et un oeil sur la température de son moteur.
Il ne perd pas d'huile, il ne perd pas d'eau ...
Beaucoup auraient abandonné, la pugnacité du père et du fils a payé, même s'il y a encore quelques points à améliorer , il va finir par avoir une moto fiable bien qu'elle soit "ancienne".
En fin de matinée ... vous n'allez pas me croire ! .... la moto de Clément ne démarre plus !
C'est l'HISTOIRE SANS FIN, qui redémarre, on se croirait dans ce film où le héros revit toujours la même journée.
Et il y a toujours quelque chose qui cloche.
Maintenant c'est l'alternateur qui ne charge plus.
Le régulateur est dans un premier temps injustement accusé, puis rapidement innocenté.
Il s'agit en fait du rotor qui a cassé, sans faire de dégât au reste du moteur, heureusement.
Et là, la cause est vite identifiée : Jean-Luc avait allégé cette pièce pour gagner en inertie. Elle n'a apparemment pas apprécié : Les aimants se sont réduits en bouillie et le rotor s'en est trouvé réduit à sa plus simple expression : La partie centrale.
Clément va prendre la batterie au plomb de la 500 CB, il va rouler comme on dit en "batterie perdue" , il faudra juste penser à la recharger après chaque séance, ce qui n'est pas possible avec la batterie Lithium qu'il avait jusqu'alors.
Jean-Luc va rouler avec la 500 CB à la prochaine session. Il est plus agréable de reconnaître un circuit avec une moto "souple" et non brutale.
Oui, mais il n'y a plus de batterie ! Il va prendre celle au Lithium de Clément, au lithium, elle se rechargera avec l'alternateur de la CB qui lui, fonctionne encore.
Ça suit dans le fond, ou bien ?
Moi, j'ai du mal.
Bon, ils ont échangé leurs batteries, quoi.
L'après-midi, le circuit d'ALMERIA et le circuit d'ANDALUCIA communiquent.
Celà donne l'IMMENSE circuit ESPANA , 9,2 km de long !
Le meilleur temps se fait en 3 minutes 37 !
Après la grande ligne droite d'Andalucia, on fonce tout droit à Mach 2 sur l'Alméria.
Jean-Luc ADORE !
Jean-Luc garde la CB pour la seconde et dernière séance.
Le SRAD, encore brutale en moteur, a tendance à malmener le pneu arrière qui "fond" comme neige au soleil sur le bitume tout neuf du circuit d'Andaloucia.
Et comme il reste encore 6 séances le lendemain Dimanche, il préfère économiser le seul pneu qu'il a.
Il y a bien un Allemand en camion qui vend des pneus, mais les prix sont stratosphériques.
Clément a encore une petite fuite ..... d'huile cette fois.
Non, pas une fuite : Ça "bavouille" au niveau du joint du carter d'alternateur
Ah non Clément, ça suffat comme ci !
Mais à part ça , il est très content de son moteur ( il a passé des heures à le préparer cet hiver ), content de sa fourche, de ses freins, de sa position sur la moto ...
- " Mais j'ai encore ce petit suintement ... !"
- " Tais-toi !"
Jean-Luc va commander tous les joints en double et changer tous ceux qui ne l'ont pas été.
Il va également ressouder la petit fuite au radiateur au TIG, et ... on sera contents que tout ce qui nous est arrivé ici ne soit pas arrivé lors de la première course à Alès dans 3 semaines !
Dernière séance de la journée sur le grand ESPANA
Je vous laisse apprécier le paysage.
Tout va bien pour Clément.
Mais alors , qu'est ce qu'on va faire ce soir ?
On va changer le pneu arrière qui avait tendance à glissouiller, sans doute n'a t'il pas apprécié les jets de mayonnaise de la veille.
Ah bon, j'ai eu peur, j'ai cru qu'on allait s'ennuyer !
Dimanche 3 mars 2019
Jean-Luc et Clément vont rouler sur Alméria.
C'est finalement celui qu'ils préfèrent.
L'asphalte de ce circuit étant moins abrasif, Jean-Luc peut reprendre la SRAD, nous sans avoir encore retouché quelques clics de l'amortisseur Ohlins.
Et cette fois, il me dit être proche de la perfection : Le pneu AR qui avait une sale G... hier a retrouve une peau de bébé comme par magie !
En plus, en jetant un œil à l'étrier AV de la 500 CB, il a découvert que les plaquettes étaient au bout.
Clément profite de cette dernière journée de roulage de 4 séances sur les 6 prévues : Vu la route qu'il y a à faire pour le retour, Jean-Luc et Clément décident de faire l'impasse sur les deux dernières séance prévues sur le grand circuit d'ESPAGNA. Les pneus sont morts, les pilotes un peu aussi.
On n'a plus de bière, plus de vin, plus d'eau, plus de dentifrice ...
En plus, partir vers 15h30 plutôt que 18h, quand on a 1400 bornes à faire ... moins on part plus tard, plus on arrive plus tôt.
Une pochette de joints à été commandée.
Jean-Luc va changer TOUS les joints de la moto de Clément, vidanger l'eau et l'huile, souder le radiateur, trouver un alternateur ...
Clément bosse à Toulouse alors que le Papa est en retraite, donc ...
Il a fait ce que les Anglais appellent un "shake down", un roulage où tout ce qui doit casser casse ... avant la course.
Tout sera prêt pour la course VMA à Alès le 23 et 24 mars.
Tout ? Non, pas la SRAD qui nécessite encore pas mal d'heures de boulot sur le nouveau moteur, un nouvel échappement.
Elle fera son entrée à Navarra au mois de mai.
Pour Alès, Jean-Luc va rouler avec ... la 500 CB !!
Le circuit est petit, ça risque d'être rigolo !
A bientôt.
Catherine Sornin, mère et épouse de pilotes.
